8.26.2010

Lo-Li-Ta

Pendant 3 semaines, j'ai lu. J'ai lu 3 livres alors à défaut d'avoir les mots pour vous parler de voyage, je vais parler de livres, ça au moins je sais faire.

J'ai lu Lolita de Nabokov.
1. Parce que dans le genre ultra classique, c'en est un qu'il faut lire.
2. Parce que ça faisait longtemps que je voulais le lire (mais j'ai bien fait d'attendre d'être un peu sorti de l'adolescence pour le lire ...).
3. J'ai lu ça.
Trois bonnes raisons. Bam je l'ai embarqué dans ma valise.

Que dire de ce roman écrit en anglais par un russe ? L'histoire en elle même est immorale, malsaine au possible, glauque, sordide, l'histoire d'un homme qui tombe amoureux d'une fillette, une nymphette, mais le récit est envoutant. Une fois dedans j'ai eu du mal à m'en décrocher, à m'en défaire, comme une curiosité malsaine à vouloir savoir, savoir ce qui allait se passer, savoir à quelle sauce il allait la manger. C'est le récit d'un homme qui court à sa perte, qui s'enfonce dans cet amour - car oui il est éperdument, follement amoureux de Dolores, de sa Lolita - qui va loin, trop loin. C'est une plongée dans sa conscience, dans ce qu'il y a de plus intime chez un homme, ses ressentis, ses sentiments, son excitation. C'est décrit, raconté, écrit d'une façon si juste, on vit dans la tête de cet homme. C'est peut-être pour cela que ce récit est si envoutant, qu'on ne peut pas le lâcher, parce que Nabokov réussit là ou tant d'autres ont échoué, il décrit avec perfection ce qu'il peut se passer dans la tête d'un homme, on y croit, on y croit terriblement. C'est ça le plus monstrueux au final. Nabokov réussit à nous convaincre qu'on est vraiment dans la tête d'un homme, alors on ne peut trouver que cette histoire abjecte, affreuse, détestable, on ne peut que haïr Humbert Humbert et plaindre Lolita. 
Mes sentiments sont partagés entre la prouesse de l'écrivain de nous faire pénétrer aussi profondément dans l'âme humaine et le récit en lui même si abjecte. Pourquoi diable Nabokov a-t-il mis ses talents, ce talent inouï de rentrer dans la conscience de l'homme au service d'une histoire aussi répugnante ? Ca n'aurait pas été si bon me répondrez-vous. 
Ca n'aurait pas eu cette force et ce succès. C'est assez drôle de voir d'ailleurs que l'humain bien avant les secret story et autre télé-réalité aime connaître les choses abjectes, l'humain voue une passion secrète pour les comportements anti-sociaux. Ca explique peut-être le succès des séries télévisées américaines qui mettent en scène des pédophiles, des serial killers etc. Je peux le dire ici, ce récit m'a souvent dégouté, répugné mais je me suis découvert aussi une réelle envie de savoir ce qui allait se passer, de connaître ce qu'il allait lui faire subir. Nabokov a bien réussi son coup au final. Plonger au plus profond de la nature humaine, autant celle de son personnage principal que de ses lecteurs. 
Bref, récit troublant, envoutant. A lire au moins une fois.


La couverture est à chier par contre.

"Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.


Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita."

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